Vendredi 5 fevrier
Bienvenue dans l'Ouest ! Budapest, Bratislava puis Vienne.
Hier, nous prenions le dernier train, lundi nous quitterons Vienne à pied pour nous lancer dans le froid, la neige, enfin, dans l'aventure !
Un mois sur les rails, un mois qui est passé à toute vitesse, quatre pays traversés ! La Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie et un passage éclair en Slovaquie hier. Quatre pays tourmentés par leurs transformations successives, quatre pays qui s'aiment et se détestent, quatre pays superbes, quatre pays qui changent, qui mutent suite à leur entrée dans l'union Européenne. Enfin quatre pays où il est encore facile de parler librement, quatre pays où l'on ne vous regarde pas parce que vous n' êtes pas habillé à la dernière mode, mais où l'on vous juge encore par vos vrais valeurs : l'intelligence, la franchise, l'honnêteté, la bravoure...etc.
Après avoir parcouru plus de 2 000 km. à pied, 2 000 km. en train, il nous reste encore plus de 4 000 km. à parcourir à pied, nous dirigeant maintenant, et jusqu'au Danemark, vers le Nord.
Cette partie en train aura été pour nous l'occasion de bien prendre conscience de l'importance du raid sauvage, de la marche, de l'effort. Car en train nous choisissons à la façon des touristes les villes et les paysages que nous découvrons. Les rencontres sont convenues d'avance, il en faut certes, mais elles sont beaucoup moins diverses et nous font rester dans le même univers, celui qu'on a choisi par l'intermédiaire de nos amis.
Alors que lundi, nous ne savons pas si nous allons rencontrer des chemins avec 1 mètre de neige, ou bien des sentiers dégagés, rencontrer des gens ouverts ou fermés, riches ou pauvres, gentils ou méchants. Bref les scénarios sont sans cesse différents, les paysages s'enchaînent comme une suite logique, il n'y a pas de cassure, seulement une continuité.
Après notre passage au café-internet, nous allons nous rendre dans une boutique de montagne, le genre de celles qui nous font toujours rêver de grandes escapades lorsqu'à la sortie du travail, on passe devant la vitrine. En effet, nos gants fins en polaire ne nous suffisent plus. Même quand on reste quelques heures dehors, entre deux trains, nos doigts gèlent. Nous découvrons également les joies du camping dans la neige: comment planter sa tente dans un mètre d'une neige aérienne?! Alors,nous allons regarder les pelles. Nous espérons ne pas avoir besoin de raquettes, car c'est un poids supplémentaire (et un coût !) non négligeable.
Comment saurons- nous qu'il y a de la neige ou pas sur les chemins?! Et bien, en discutant avec le vendeur du magasin de montagne, en regardant la météo et sur place ! Il n'y a pas de secret !
Nous nous sommes rendues compte pendant tout notre voyage, que les gens, vous, se posent beaucoup de questions sur l'aspect pratique de notre aventure:
- comment vos parents prennent-ils la chose ?
- comment faites-vous pour manger ?
- vous n'avez pas trop froid ?
- mais, n'est-ce pas ennuyant de marcher tous les jours ?
Alors, effectivement, ce sont des questions légitimes, des questions que l'on se posent depuis sa maison toute chaude, son fauteuil, ou bien devant sa télévision.
Mais remettons parfois les choses à leur place.
Admettons que tout ce qu'on ait appris depuis que nous sommes nés soit faux, admettons que l'on vive en se mentant à nous même, admettons que l'on doive se débrouiller tous seuls, pour manger, se loger, ne pas avoir froid ? Et bien tout devient simple, des habitudes nouvelles sont prises. Il ne faut alors qu'un peu de volonté pour faire ce que nous faisons dans le monde dans lequel on vit. Mais pas de la volonté physique, celle de l'effort sportif, je parle bien ici d'une volonté morale pour s'extraire de notre monde actuel, pour ne pas avoir peur de réinventer son monde, de vivre à sa façon, comme l'on pense qu'il est bon de vivre. Il n'existe pas "un" chemin, mais plusieurs, le tout est d'en prendre conscience et de choisir le sien.
Alors les questions sont différentes, elles deviennent intéressantes, philosophiques, parce qu'on remet tout en question, parce que l'on cherche à comprendre !
Chaque pas, nous apporte une question, un autre une réponse, vraie ou fausse, c'est une possibilité, qu'il nous faut murir et vérifier par nous même !
Alors que les 4 000 km. qu'il nous reste soient autant de questions et de réponses à nos interrogations sur le monde !
A bientôt sur les chemins !